[Témoignage] Associer son colza à de la féverole : « Une technique facile pour un résultat visible tout de suite »

Le colza est la culture qui restitue le plus de carbone dans les sols. La présence de plantes compagnes renforce encore ce potentiel. Fabien May, céréalier dans l’Orne, associe ainsi son colza bas GES à de la féverole. Facile à mettre en place, cette technique présente de nombreux atouts.

 

Fabien MAY, céréalier. Crédit Photo Stéphane HUSSEIN. 
Fabien MAY, céréalier dans l'Orne. Crédit Photo Stéphane HUSSEIN. 

Pouvez-vous nous décrire votre exploitation et vos activités ?

Fabien May, céréalier : Après 12 ans de travail en Gaec avec des vaches laitières, j’ai repris une partie des terres pour exploiter seul 150 hectares dont 25 de prairie permanente. J’ai une rotation blé-orge-colza-maïs et je vends de l’herbe en foin. Je stocke des céréales à plat, et j’exerce aussi des responsabilités à l’extérieur. Je suis notamment administrateur de ma coopérative, Axéréal. J’ai 39 ans, je suis marié, j’ai deux enfants et une vie bien remplie ! 

Depuis sept ans, vous associez vos colzas avec de la féverole, dans quel but ?

L’objectif premier était la gestion des insectes à l’automne. J’ai vite remarqué d’autres effets positifs. Dans certaines zones très humides en hiver, j’ai par exemple réussi à sauver des colzas qui, seuls, mouraient. La féverole a énormément de racines, elle est très structurante, avec sans doute un effet drainant. Je suis persuadé qu’il s’installe une sorte de “vie en communauté” entre les deux espèces qui se rendent des services mutuels. En termes de rendement, ma moyenne olympique est de 40 q/ha.

En quoi est-ce aussi une démarche bas-carbone ?

Cela permet d’augmenter la biomasse pour restituer de la matière organique au sol et piéger du carbone. Avec, comme cerise sur le gâteau, la possibilité d’apporter moins d’engrais en ramenant une trentaine d’unités d’azote lors de la destruction de la féverole. Cela représente une économie non négligeable, et d’autant plus intéressante aujourd’hui que le prix de l’azote a augmenté.

Au départ, avez-vous vécu cette technique comme une prise de risque ?

Dans le groupe de travail dont je fais partie, on s’est tous lancé sans appréhension. C’est facile à implanter et facile à détruire. Le gel ne fait pas toujours 100 % du travail mais on peut intervenir chimiquement à très petite dose. Ça marche parfaitement et on agit aussi sur les adventices sans aucun risque de phytotoxicité pour le colza.

Pourquoi avoir choisi la féverole ?

C’est abordable, facile à suivre et j’en ai sur l’exploitation. Certains collègues associent d’autres espèces. Le coût est souvent plus élevé et la conduite plus fine. C’est le cas des mélanges à base de trèfle qui se développent après la récolte du colza et dans lequel on peut semer un blé. Je ne le fais pas, car cela nécessite un outil adapté type semoir à disque et je n’en ai pas. L’Inconvénient de la féverole reste en effet qu’il n’y a pas de couverture de sol en sortie de moisson. Il faut intégrer des couverts d’interculture.

Quel itinéraire technique pour ce colza associé ?

Je sème un peu avant le 15 août derrière une paille. Courant juillet, je décompacte mon sol à la herse rotative, je donne un coup de rouleau et je laisse au repos. Je reviens semer ma féverole au semoir centrifuge à engrais tous les 24 mètres en même temps que mon colza qui lui profite d’un combiné herse rotative-semoir, qui enterre la graine de féverole. Côté doses, je suis à une cinquantaine de kilos de féverole en moyenne par hectare, 70 kg au maximum, ça dépend des parcelles, et autour de 2 kg pour le colza.

Les graines issues de votre colza associé sont-elles vendues en filière bas-carbone ?

Tout à fait. Depuis mon installation, 100 % de mes graines de colza sont vendues à OleoZE, la démarche bas carbone de Saipol, par le biais de ma coopérative. L'année dernière, j'ai touché 22 €/t de bonus pour 44 tonnes en tout. Ça paye les efforts fournis. Je trouve logique qu’il y ait un retour d’investissement. Pour autant, ce qui me motive, c'est surtout l’impact sur la fertilité des sols. Etant d’une génération avec encore 20 ou 25 ans à travailler devant elle, j’estime qu’il faut vraiment aller dans ce sens.

Votre démarche fait-elle des émules parmi les adhérents d’Axéréal ?

Beaucoup s’y sont mis, en effet ! Cela fait partie des choses qu’on encourage, comme beaucoup d’autres leviers préconisés par Saipol d’ailleurs. Bien sûr, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut un accompagnement et la coopérative est là pour apporter son soutien technique. Mais le colza associé est typiquement le genre de pratiques faciles à mettre en place et pour lesquelles on constate un résultat tout de suite.

 

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