Abeilles et colza : un partenariat gagnant-gagnant, notamment pour le rendement
Les apiculteurs installent souvent leurs ruches à proximité des parcelles de colza au printemps pour reconstituer les colonies en sortie d’hiver. Le colza constitue une ressource alimentaire importante pour les abeilles… qui le lui rendent bien ! En effet, l'activité des butineuses à cette période booste les rendements de la culture, comme l’explique Aurélie Baisnée, animatrice et technicienne, au sein de l'association pour le développement de l'apiculture en Bourgogne-Franche-Comté.
La Bourgogne-Franche-Comté est une des grandes régions productrices de colza. Une culture qui, au printemps, fait le bonheur des abeilles. « C’est l’une des miellées principales pour les apiculteurs, confirme Aurélie Baisnée, animatrice et technicienne apicole au sein de l'association régionale pour le développement de l'apiculture. Le colza est très recherché. Il permet de faire grossir les colonies en sortie d’hiver, et augmente les rendements en miel par la suite. »
Le colza, une ressource précieuse pour les apiculteurs en Bourgogne-Franche-Comté
Ses fleurs figurant parmi les premières à s’épanouir, le colza représente une source de nourriture abondante, propre à rapidement relancer massivement la ponte. On en tire aussi un miel apprécié des consommateurs, souvent moins cher que d’autres. Sa capacité à cristalliser vite permet d’obtenir, en assemblage, un miel de printemps particulièrement crémeux. Une ressource précieuse donc pour les apiculteurs de la région : en zone de grandes cultures, le colza représente, en moyenne et sur cinq ans, 45% de la récolte d’une exploitation apicole et 37% de son chiffre d’affaires.
La plupart du temps, ce sont les apiculteurs qui sont en recherche d’emplacements. Mais l’association est de plus en plus sollicitée par des agriculteurs souhaitant soit mettre en place un nouvel atelier sur leur exploitation, soit créer des partenariats en proposant un lieu adapté près d’une parcelle. « Cependant, la pollinisation est un argument assez peu évoqué, pointe Aurélie Baisnée. Beaucoup d’agriculteurs ne se rendent pas compte de l’impact très positif de l'activité des pollinisateurs sur le rendement d’une parcelle. »
Les abeilles, alliées naturelles du colza avec un gain estimé de + 15% en moyenne
Plusieurs études menées par le CNRS, l’Inrae et Terres Inovia en ont pourtant fait la démonstration. Les estimations situent le gain de rendement à 15% environ. « Dans d'autres systèmes, les agriculteurs ont recours à des prestations de pollinisation, reprend la jeune femme. Ce service, fréquent en culture-semence, en maraîchage ou en arboriculture, permet aux agriculteurs d'augmenter leurs rendements et aux apiculteurs de diversifier leur source de revenu. » Certains producteurs de colza-semence sont même tenus contractuellement de faire installer 5 ruches par hectares.
S’il subsiste des oppositions autour de l’utilisation des phytos, le réseau biodiversité pour les abeilles lance régulièrement des appels pour soutenir la culture du colza. « Il y a de toute façon une vraie évolution des mentalités, affirme Aurélie Baisnée. J’ai récemment fait une intervention en Certiphyto et on sent les agriculteurs beaucoup plus ouverts. » La nouvelle réglementation impose désormais aux producteurs de n'intervenir que le soir sur les cultures attractives en floraison. L’association, qui mène diverses études observatoires notamment sur des variétés tolérantes au sclérotinia, assure que de nombreuses pistes sont ouvertes pour une agriculture raisonnée et bénéfique à toutes les parties.
Colza sur betteraves traitées aux néonicotinoïdes : quels délais respecter ?
Quelles cultures implanter après des betteraves traitées au néonicotinoïdes ? Selon un avis rendu par l’Anses en 2020, « les céréales à paille peuvent être implantées l’année suivante sans risque pour les pollinisateurs. [...] mais le colza doit attendre l’année N+3 ». Le maïs et la pomme de terre peuvent être réintroduits en année N+2. S’agissant des cultures intermédiaires, l’Anses recommande de favoriser les espèces peu attractives, d’éviter les floraisons ou de détruire le couvert avant l’apparition des fleurs.
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