L’Allemagne et la Suède, premiers marchés pour les graines bas-carbone : pourquoi ?
Savez-vous pourquoi vos graines OleoZE, lorsqu’elles sont transformées en biocarburants, sont à 80 % destinées aux marchés allemands et suédois ? « Ces marchés sont les plus rémunérateurs », explique Bastien Le Bouhellec, responsable trading biodiesel chez Saipol. Mais la France pourrait redevenir un débouché attractif. Décryptage.
Dans une graine de colza 56% du volume total, la matière sèche, est transformé en tourteaux riches en protéines pour l'alimentation animale. Les 44% restants sont de la matière grasse, qui sera transformée par Saipol en huile, puis en ester de colza (biocarburant). Contrairement au biocarburant classique issu de colza, en grande partie incorporé dans le B7 (Gazole dans lequel est incorporé un volume de 7% de biodiesel) sur le marché français, les énergies avec un fort pourcentage de réduction de gaz à effet de serre (comme celles issues des graines OleoZE) sont fléchées vers les marchés allemands et suédois. Près de 80% des volumes d'ester produits à partir des graines OleoZE y sont aujourd’hui destinés.
La raison ? Ces deux pays ont choisi une stratégie différente de leurs homologues européens pour répondre aux exigences de la directive RED 2 (Renewable Energy Directive), qui fixe les objectifs en matière d'incorporation d’énergies renouvelables pour la baisse des émissions de CO2 émis par le transport routier.
En France, un modèle d'incorporation par volume…
« Comme dans la plupart des autres pays européens, la France a choisi un mandat d’incorporation en volume : la quantité totale de biocarburant mis à la consommation doit atteindre un objectif d’incorporation d’énergie renouvelable dans les transports tout en respectant un minimum réglementaire de 50% de réduction de gaz à effet de serre », explique Bastien Le Bouhellec, responsable trading biodiesel chez Saipol.
L’Allemagne et la Suède ont opté pour une autre approche, basée sur la FQD (Fuel Quality Directive) : ils préfèrent payer plus cher une quantité moins importante de biocarburants mais avec de meilleures performances en termes de réduction de gaz à effet de serre.
« Le raisonnement de ces pays est le suivant : en permettant l'achat d'un ester de colza qui réduit les émissions de gaz à effet de serre de 80%, reprend Bastien Le Bouhellec, le pétrolier a besoin d'en mettre moins dans sa cuve qu’avec un ester de colza ayant un score GES moins élevé, pour aboutir au même résultat en terme de réduction d’émissions. »
…versus réduction d’émissions en Allemagne et en Suède
Un arbitrage qui représente pour Saipol l’opportunité de mieux valoriser sa production et partager la valeur en reversant un bonus aux agriculteurs engagés dans des pratiques durables. Une nouvelle mouture de la directive RED attendue pour 2025, en cours de finalisation, tend vers la poursuite des deux modèles d'incorporation, dans des versions plus ambitieuses.
Dans les années à venir, l’ensemble des pays de l’UE pourrait être amené à adopter le modèle « nordique ». Ce changement d’orientation rendrait le marché français plus attractif pour les énergies premium à haute réduction réduction de gaz à effet de serre. Côté exploitants, davantage d’agriculteurs pourraient rejoindre la démarche pour répondre à une demande grandissante ou, pour ceux déjà engagés, améliorer encore leurs pratiques pour viser des primes plus élevées. L'occasion pour Saipol de financer, grâce à l'accompagnement des organismes stockeurs, encore plus d'agriculteurs désireux d'engager leur transition.
Et les 20% restants ?
Si 80% des biocarburants issus de graines collectées par Saipol via OleoZE alimentent le marché des pays d’Europe du Nord, alors où sont valorisés les 20% restants ? Ce pourcentage est destiné à alimenter le marché français pour le B7 (Gazole dans lequel est incorporé un volume de 7% de biodiesel) et parfois Oleo100, un biodiesel végétal conçu et commercialisé par Saipol pour les transporteurs et les collectivités.
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