Bonus GES : dans les rouages du calculateur
Sur la solution OleoZE de Saipol, le processus permettant de fixer un bonus GES “sonnant et trébuchant” qui s’ajoute au prix à la tonne des graines est tout sauf laissé au hasard. Décryptage.
Pour établir le montant du bonus sur OleoZE, les équipes Saipol s’appuient sur les déclarations de pratiques. Objectif, calculer le ratio stockage de carbone versus émissions de gaz à effet de serre de l'itinéraire cultural afin d’évaluer le plus finement possible le score GES des graines.
« Nous entrons les données fournies par chaque agriculteur dans un modèle de calcul intégrant de multiples paramètres, détaille Renan Laurat, ingénieur développement opérationnel et responsable du calculateur OleoZE. Le résultat nous permet d’évaluer la durabilité des pratiques, donc des graines, pour la traduire sous forme de prime. Pour maximiser son bonus, il faut que ses pratiques stockent un maximum de carbone et en émettent le moins possible. »
Le calculateur comporte deux blocs :
1. Le bloc ESCA (Emissions Saving from soil Carbon Accumulation).
Il vise à déterminer les réductions d’émissions par stockage additionnel de carbone dans le sol. Pour le calculer, on recoupe quatre facteurs, tous interdépendants :
- Le contexte pédoclimatique. Ce facteur, indépendant des pratiques agricoles, correspond à une réalité naturelle : un climat doux-sec est moins favorable au stockage de carbone qu’un climat frais-humide. Ce “handicap naturel” peut en partie être compensé par les facteurs suivants.
- La gestion des couverts végétaux. La mise en place de cultures intermédiaires et/ou associées rapporte du carbone au sol, des nutriments, et favorise la non-utilisation d’intrants minéraux de synthèse.
- Le travail du sol. Un travail superficiel du sol influe positivement sur le niveau de carbone piégé dans les sols.
- L’occupation du sol. Ce paramètre varie peu car chez OleoZE, dont l’activité n’est liée qu’aux oléagineux, celui-ci est toujours renseigné en tant que “grandes cultures”.
Pour la gestion des couverts et le travail du sol, la progression des pratiques est également prise en considération. « Nous calculons la différence entre une année de référence et l'année n-1 de la culture, précise Renan Laurat. Le passage d’une pratique moins favorable à une pratique plus favorable amène un meilleur score. »
2. Le bloc EEC (Emissions from the Extraction ord Cultivation of raw materials).
Il évalue les émissions de gaz à effet de serre générées par une culture selon sa conduite, en équivalent CO2. Deux facteurs majeurs interviennent dans le calcul de l’EEC :
- La fertilisation. L’utilisation d’engrais azotés est un des facteurs les plus impactants. Du plus au moins émissif, on trouve la solution azotée, l’urée, l’ammonitrate, les matières organiques. L’apport de phosphore, potassium, magnésium et d’amendements calciques peut également être pris en compte.
- L’énergie. Lors de la production, la consommation de carburant par les engins ou l’électricité nécessaire à l’irrigation sont prises en compte.
Plusieurs autres paramètres sont également demandés :
- Les traitements phytosanitaires. Leur fabrication génère des gaz à effet de serre. En utiliser influe (modérément) sur le calcul de l’EEC.
- La gestion des pailles. Exporter les résidus de cultures émet davantage d’équivalent CO2 que les laisser au champ, où leur décomposition rapporte de la matière organique et du carbone au sol.
- Le taux d’humidité des graines. L’EEC est comptabilisé à partir d’un taux de matière sèche. Un taux d’humidité élevé agit à la baisse sur l’ensemble du calcul.
D’autres facteurs sont également considérés à la marge : rendement, transport, trituration, etc. « Par ailleurs, l’ESCA et l’EEC évoluent en fonction des décisions de la Commission européenne, ajoute Renan Laurat. En juillet 2021, il y a eu par exemple un redécoupage de la carte pédoclimatique. Un autre texte modifiant de nombreux paramètres est paru en juin cette année. Il est encore en cours d’étude, mais il y aura des changements fin 2023. »
Le résultat issu du calcul opéré dans ces deux blocs est ensuite comparé : l’objectif est d’obtenir la différence entre stockage (ESCA) et émissions (EEC) la plus favorable.
C'est en allant commercialiser un biocarburant à haute réduction de GES issu des graines OleoZE que Saipol est en capacité de capter de la valeur qui sera redistribuée via le Bonus GES. Pour être valorisées en biocarburant, les graines doivent présenter une réduction de GES de minimum 50%, en comparaison avec un carburant fossile (diesel). En moyenne les biocarburants issus des graines OleoZE réalisent une économie de GES de 90%. En 2022, le Bonus GES moyen payé était de 43€/t, pour un Bonus GES maximum à 80€/t pour les meilleures pratiques.
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