Comment Saipol valorise-t-il les colza et tournesol bas carbone ?

La production de biocarburants est actuellement encadrée par des directives européennes, visant à promouvoir une énergie produite à partir de ressources renouvelables, mais également selon des critères de durabilité, comme la réduction des gaz à effet de serre (GES) et le stockage du carbone.

Parmi les états membres à avoir retranscrit ces directives dans leur dernière version, Saipol cible principalement les pétroliers de l’Allemagne et de la Suède pour écouler ses biocarburants issus de la trituration des graines achetées via OleoZE. C’est grâce à une prime payée par ces clients que Saipol est capable de rémunérer les pratiques. A ce jour, la production de colza et tournesol bas carbone représente 5% du volume de graines acheté par la filiale d’Avril, qui vise les 10%.

Une fine traçabilité des bonnes pratiques

Pour valider la mécanique, Saipol doit être capable de fournir à ces pétroliers la traçabilité complète des émissions de GES et du stockage carbone. L’industriel a donc engagé un travail minutieux, à l’aide d’outils digitaux, d’évaluation des pratiques de chaque ferme pour aboutir à un calcul individualisé. La solution de vente OleoZE permet ainsi, à l’autre bout de la chaîne, à chaque agriculteur de connaître le montant du bonus GES auquel il peut prétendre selon ses itinéraires culturaux. En sa faveur : l’utilisation d’engrais organiques, les techniques culturales simplifiées comme le non-labour, la mise en place de couverts végétaux à l’interculture, la diversification de la rotation… Un audit de ces pratiques, réalisé par OleoZE ou l’organisme stockeur, permet ensuite d’affiner le calcul du bonus.

Un bonus qui peut aller jusqu’à 70 €/t

C’est l’expertise des traders de Saipol sur les débouchés des biocarburants qui permet d’annoncer un bonus au plus près de la réalité. Même si sa valeur ne subit que très peu de volatilité, elle est toutefois susceptible d’évoluer chaque jour. Avec des pratiques optimales, les agriculteurs peuvent bénéficier d’un bonus allant jusqu’à 70 €/t. Un dispositif très intéressant, donc, au niveau financier en plus de contribuer à la lutte contre le changement climatique.

Encadré

Réglementation sur l’ESCA : vers une baisse des bonus GES ?

Dans la réglementation européenne, le bilan des émissions de gaz à effet de serre résultant de la production et de l'utilisation de biocarburants tient compte, entre autres, des émissions de la culture des matières premières (EEC) et des réductions d'émissions dues à l'accumulation du carbone dans les sols grâce à une meilleure gestion agricole (Esca). Cette réglementation évolue sur le volet Esca, avec la mise en place d’un plafonnement de la valeur calculée, se répercutant sur le bonus GES. Les agriculteurs éligibles ayant justifié de leurs bonnes pratiques avant la publication du texte, le 27 juin, pourront bénéficier, jusqu’à fin 2023, du plafond le plus favorable à 45 grammes eq CO2/MJ, contre 25 grammes eq CO2/MJ sans déclaration. Concrètement, un plafond bas donnera lieu à un bonus moins élevé. Les agriculteurs engagés dans des pratiques durables qui n’auraient pas rempli de déclaration ESCA pourront néanmoins bénéficier d’un bonus GES, moins élevé. Dès publication du texte, Saipol va lancer un programme avec l’amont agricole pour déterminer les modalités concrètes d’application de la réglementation.

Plus d'information dans l'article ESCA et bonus GES : que va changer la publication de l’acte délégué ?

Autres actualités

  • Association colza - féverole. Crédit photo : Laurent Jung 2019.

    [Témoignage] Associer son colza à de la féverole : « Une technique facile pour un résultat visible tout de suite »

  • Abeilles et colza : un partenariat gagnant-gagnant, notamment pour le rendement. Copyright Philippe Montigny.

    Abeilles et colza : un partenariat gagnant-gagnant, notamment pour le rendement

  • Photo d'un téléphone prenant en photo une parcelle de colza.

    [Revue de tweets] Floraison du colza