Bonus GES : le semis direct est-il rémunérateur ?

A partir du semis direct, l’itinéraire technique d’une culture se cale dans un cercle vertueux, en phase avec le cahier des charges des productions "bas GES". Sur OleoZE, colza et tournesol issus d’un semis direct tirent donc aussi leur épingle du jeu.

Bonus GES : le semis direct est-il rémunérateur ?

Un consensus scientifique a été établi depuis 2014 : la réduction du travail du sol modifie peu le stock de carbone dans les horizons, car même s’il augmente en surface, il diminue en profondeur. L’Inrae ne mentionne donc pas le semis direct parmi les leviers majeurs de la stratégie internationale de stockage du CO2 dans les sols agricoles. Faut-il en rester là ? Non ! Car si le semis direct est l’un des critères d’accès aux ventes bonifiées, c’est parce qu’il apparaît comme l'une des composantes incontournables de l'avenir de l’agriculture française.

Même sans lien effectif avec le stockage du carbone, le semis direct fait, en effet, partie d’une combinaison de pratiques, regroupées sous le concept d’agriculture de conservation des sols (ACS) ou d’agriculture régénératrice, aux effets positifs nombreux, qui justifient l’attribution d’un bonus GES.

Semis direct : une option gagnante

De fait, qui dit semis direct dit couverture des sols, et la biomasse végétale est un réservoir dans lequel est stocké du carbone atmosphérique. Ainsi, Arvalis – Institut du végétal observe que les systèmes en agriculture de conservation des sols présentent des capacités de stockage non négligeables : jusqu'à 1 à 1,5 t de C/ha/an.  

Dans le cadre d’une commercialisation de colza et de tournesol "bas GES" destinés à l'industrie des biocarburants via OleoZE, l’adoption du semis direct acte un changement majeur comparé à une année de référence 2008 renseignée en conventionnel. Elle se traduit par un bonus GES variable dont la moyenne était de 25 €/t en 2020.  Pour les pionniers de l'ACS et du semis direct, convertis avant 2008, qui ne peuvent faire valoir un changement de pratique, la quête de bénéfices agronomiques engagée de longue date reste rémunératrice s’ils ont introduit des couverts ou apporté de la matière organique. Un récent contrat, passé pour 90 t de colza par un agriculteur adepte du semis direct depuis 2006, a donné lieu à un bonus GES de 25 euros/t. 

Un défi technique source de bénéfices agronomiques

Pour résumer, l'ACS repose sur trois piliers : la couverture des sols, la diversité des cultures et la perturbation minimale des sols. Pour réussir dans cette voie, l’agriculteur doit pouvoir compter sur un équipement clé, son semoir. D'importants progrès techniques ont permis de mettre au point des matériels fiables qui n’oublient pas leur fonction première, semer une graine. Le but du semoir à semis direct est donc de placer la semence, pure ou en mélange, directement dans les résidus de culture précédents, ou dans un couvert, en travaillant le moins possible le sol. Un défi relevé par l'Italien Maschio Gaspardo. Sur le segment du semis direct, le concepteur-fabricant est passé d'une niche il y a trente ans à un marché aujourd'hui mature.

Pour Victor Masselin, technico-commercial chez Maschio Gaspardo France, « tout découle de l'efficience ». Ainsi, pour répondre aux besoins liés au principe de “diversité des cultures” de l’ACS, « nous proposons un semoir polyvalent, pour les sur-semis de prairie, semis de couverts d'interculture et de cultures de vente, en pur ou en association, qui peut être équipé d’une double ou d’une triple trémie pour semer une, deux ou trois espèces ».

Pour réussir le pari d’un semis de qualité sans travail préalable de la terre, Victor Masselin met en avant « l'indépendance de chaque élément semeur qui s’adapte au profil de la surface pour placer chaque graine à la bonne profondeur. La pression sur l’élément semeur (250 kg à la pointe du disque) est déterminante pour intervenir en milieu dur et ne pas avoir à renoncer au semis direct pour les opérations de fin d'été. »

Préserver les bienfaits de la couverture

Le semis direct, en préservant le sol et en laissant les résidus végétaux en surface, protège de l'évaporation et garantit l'humidité nécessaire à la germination. De plus, laisser la majorité de la surface du sol intacte sous une couche végétale offre une protection contre l'érosion hydrique et éolienne. Et surtout, le maintien de cette couverture permanente favorise la vie du sol et l’activité biologique pour un renforcement durable du niveau de matière organique. Comment une machine peut-elle intervenir sans bouleverser cet équilibre ? Au semis, « la faible inclinaison du disque (2°) limite la perturbation du sol, assure le technico-commercial. La roue crénelée et le soc apparent débarrassent le fond du sillon, et seulement lui, des résidus de couvert ou de précédent et la roulette de rappui, indépendante du reste de l’élément semeur, referme le sillon avec une pression suffisante pour chasser l'air, conserver l'humidité et la vie du sol. »

Le semis direct offre, enfin, un autre avantage évident vis-à-vis des émissions de GES : la réduction du temps de travail et de la consommation d’énergie fossile par hectare. « Nous garantissons un semis réussi avec un minimum de passages. Mais surtout, conclut Victor Masselin, la précision préserve les premiers horizons du sol et permet d'entrer dans le cycle vertueux des bienfaits agronomiques. Cette efficacité, c'est la base pour que le producteur tire tous les bénéfices du semis direct, agronomiques mais aussi économiques : moins de charges et plus de bonus. »

 

Travail du sol et niveau de bonus GES : une logique plus binaire

OleoZE travaille en continu à l’amélioration de son modèle de calcul du bonus GES. Objectif : le rendre plus précis et plus durable. Il se doit également d’être cohérent avec les critères du GIEC, qui eux-aussi évoluent. Une mise à jour du modèle a ainsi été opérée, en avril 2021, pour les variables liées au triptyque : travail du sol / type de sol / données climatiques, en ligne avec la version 2019 du modèle d’estimation de stockage du carbone proposé par le GIEC. Cette nouvelle version minimise l’effet d’un travail réduit (déchaumage, décompactage). Il s’avère en effet positif pour la biodiversité mais peu efficace pour augmenter le stock de carbone du sol. Les techniques culturales simplifiées deviennent moins bonifiantes. Labour et semis direct restent deux critères majeurs.

Semis direct : amortir l'investissement grâce au bonus ?

Pour un matériel de 60 000 euros qui sèmera 200 à 250 hectares par an, un bonus de 30 euros/t sur une sole colza de 60 ha permet d'obtenir un coup de pouce substantiel. En effet, sur la base d'un rendement par hectare de 3,5 t, soit 105 euros/ha et 6 300 euros/an de bonus GES, sur 5 ans, la machine sera financée à moitié.

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