
Techniquement un peu plus sensible que le stockage des céréales, celui des oléagineux ne représente pas un risque inconsidéré. C'est d'autant plus vrai pour les exploitants déjà équipés pour les céréales. L'installation calibrée pour le blé ou l'orge peut, en effet, être utilisée telle qu'elle, voire redimensionnée, pour accueillir aussi les oléagineux. Une belle occasion de l'amortir plus rapidement voire de lui donner plus d'envergure, grâce à l'économie des frais de séchage et de stockage.
Même les organismes stockeurs encouragent le self stockage !
Cette pratique sonne-t-elle comme un désaveu pour les organismes stockeurs (OS) ? Pas forcément puisque ces derniers n'hésitent pas à encourager le stockage à la ferme et même à le rémunérer, insistant au passage sur la possibilité qu'il offre de différencier les lots pour améliorer son revenu. Dans certaines régions, les collectivités se mobilisent aussi pour aider au financement de nouvelles capacités de stockage. Si mêmes les coopératives et autres OS participent, il n’y a plus de raison de ne pas se lancer.
Maîtriser la commercialisation dans un contexte incertain
L'intérêt de stocker ses oléagineux est devenu évident depuis le retournement de conjoncture de 2018. Depuis le pic de 2016-2017, difficile de prévoir l'évolution des prix du colza et du tournesol, dont les rendements et la sole s'orientent à la baisse. Les aléas climatiques, mais aussi la sensibilité du marché des huiles au contexte géopolitique international, fragilisent, en début de chaîne, la position du producteur. L'option du stockage lui redonne une marge de manœuvre pour vendre au moment le plus opportun. Mais pas seulement… Car la multiplication des points de stockage, qui va de pair avec une réduction de leur taille, influe sur la qualité des lots. La pratique de "l'allotement" permet ainsi d’isoler un produit de meilleure valeur.
Fluctuations mais nouveaux débouchés en vue
Maîtrise du timing de commercialisation et de la qualité de sa production apparaissent d'autant plus intéressants que la filière française reste dynamique et se réinvente, sur le socle affirmé de l'objectif d’"autonomie protéique des élevages français". Les industriels tablent aussi sur la hausse de la demande en protéines végétales et sur l'essor des biocarburants durables. Leur demande se tournera ainsi naturellement vers les dépositaires de stocks qualitativement différenciés. Dans cette perspective, de nouveaux canaux de commercialisation émergent, qui relient directement les producteurs et les collecteurs à l’image de Saipol et sa solution OleoZE d’achat de colza et tournesol issus de pratiques agricoles durables.