[Livre blanc] #2 Refaire le stock de carbone dans les sols agricoles... Et après ?
Le terme "additionnel", attaché au stockage de carbone dans les sols agricoles, laisse bien entendre que cette solution pour lutter contre le réchauffement climatique est temporaire. Il faut donc aussi anticiper des solutions de long terme.

La capacité de réserve additionnelle de carbone organique des sols agricoles n'est pas illimitée. C'est un stock qu'il s'agit de reconstituer, puis de maintenir. Elle ne permettra pas de compenser à long terme l'accroissement des émissions humaines de gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
Voici la réalité et l'enjeu du stockage additionnel de carbone dans les sols agricoles en six repères.
1 : Le stockage additionnel est efficace à horizon 30 ans
Le stockage additionnel de carbone organique, selon la feuille de route de l'initiative "4 Pour 1000" (+ 0,4 % de carbone organique par an dans les 30-40 premiers cm du sol), sera réalisé dans trois décennies environ. L'objectif est de restaurer un capital entamé par les pratiques intensives. Mais comme le montrent les plus vielles forêts du globe, les milieux naturels équilibrent progressivement la présence du carbone dans leur sol. Ils ne stockent pas indéfiniment.
2 : Après le stockage, le maintien de l'équilibre, au bénéfice des systèmes agricoles
Une fois atteint l'objectif d'augmentation du taux de carbone organique dans les sols cultivés (stockage additionnel), le milieu agricole sera confronté au défi de la préservation de ce capital. Il y parviendra grâce au maintien des pratiques dites "stockantes", que la recherche et les progrès techniques contribueront à optimiser. Cette présence pérenne du carbone dans le sol rendra les systèmes plus fertiles et résilients.
3 : Réduire les émissions de CO2, pour une stratégie bas carbone cohérente
En activant aujourd'hui les leviers de stockage additionnel de carbone, avec un potentiel en zone de grandes cultures de 4,97 Mt par an, les agriculteurs français compenseraient la moitié des 10 Mt de CO2 émises chaque année par les engins agricoles et sylvicoles. C'est significatif, mais temporaire et insuffisant. Les pratiques économes et les solutions alternatives à la consommation d'énergie fossile auront donc une importance capitale (moteurs polycarburants, moteurs à combustion fuel/biométhane, pile à hydrogène).
4 : Le méthane et l'azote, au menu des prochaines décennies agricoles
10 Mt de CO2 sur 85 Mt de gaz à effet de serre émises chaque année par l'activité agricole française*. A quoi correspondent les 75 Mt restantes ? Au méthane et au protoxyde d'azote, qui n'ont aucun lien avec le stockage du carbone dans les sols. Or, leur effet de serre cumulé est bien plus puissant que celui du CO2.
5 : L'élevage et le méthane
38 Mt de méthane (CH4) émises chaque année en France par le secteur agricole. La fermentation entérique (ruminants) et la gestion des effluents d'élevage sont déjà visées par une stratégie européenne de réduction des émissions de méthane, qui va plus loin que le seul domaine agricole.
6 : La grande culture et le protoxyde d'azote
Côté grandes cultures, la stratégie "bas GES" doit se pencher résolument sur l'émission annuelle de 36 Mt de protoxyde d'azote (N2O), issues de la fabrication, du transport et de l'usage en plein champ des engrais minéraux azotés (ammonitrate et urée + nitrate d'ammoniaque). Les engrais végétaux de substitution (cultures de légumineuses associées) auront un rôle important à jouer. Et leur efficacité est liée à la présence de carbone dans les sols.
*Source gouvernementale, chiffres 2017 / Insee
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