Les multiples avantages de colzas plus riches en protéines

Depuis une trentaine d’années, les travaux génétiques en colza ont permis l’amélioration des caractéristiques agronomiques, telles que le rendement, la tolérance aux maladies, ainsi que la qualité, au travers de la teneur en huile. Restent encore des progrès à réaliser sur les teneurs en protéines car l’enjeu est important : il s’agit de réduire la dépendance de l’élevage européen aux importations de tourteaux de soja.

Deux leviers à court et moyen termes pour améliorer les teneurs en protéines du colza

En moyenne, une graine de colza contient 18 à 20 % de protéines. Un taux qu’il est possible d’augmenter en choisissant des variétés de colza d’hiver, déjà inscrites au catalogue, avec une teneur en protéines aux alentours de 20-22 %. Leurs performances de rendements et leur teneur en huile peuvent toutefois poser question. L’idée est d’amorcer la dynamique.

Dans quelques années, la sélection génétique proposera, en effet, des variétés de colza avec des teneurs en protéines autour de 25 %, sans compromis sur les performances de rendements ou la teneur en huile. Une vraie rupture technologique s’annonce dans le paysage variétal. Plusieurs programmes ont déjà été mis en place par des organismes stockeurs pour répondre à cet objectif.

Réduire la dépendance aux importations de tourteaux de soja

Actuellement, 18 millions de tonnes de colza sont produites en Europe (dont 3,5 millions en France). Semer des variétés avec 5 points de plus de protéines reviendrait à produire 1 million de tonnes de protéines supplémentaires et réduirait les importations de tourteaux de soja de 2 millions de tonnes (175 000 t en France), des volumes non négligeables. Conséquences : moins de surfaces mobilisées au Brésil pour cet usage (- 700 000 hectares), moins de déforestation.

En parallèle, il s’agit d’accompagner les producteurs dans l’utilisation de variétés plus efficientes à tous points de vue, tout en conservant de bonnes pratiques (raisonnement des engrais et phytos, leviers agronomiques…), via des incitations financières. Pour initier cette filière, Saipol, en partenariat avec des OS, va dédier 1 000 hectares à des colzas avec des valeurs supérieures en protéines dès les semis 2022. Objectif : 3 à 4 000 tonnes de graines récoltées en 2023. Une production pilote qui va permettre de mesurer l’ensemble des paramètres - rendements et qualité -, et d’affiner les niveaux de primes envisageables. La valorisation dans les formulations d’aliments devrait également faire l’objet d’une étude par les fabricants. Les chantiers sont lancés.  

Un intérêt pour la production de biocarburants ?

Réglementairement, le colza ne peut être actuellement valorisé que comme biocarburant de première génération. En faisant valoir les atouts d’une production additionnelle de protéines, Saipol a l’ambition de faire basculer les biocarburants issus de ces graines dans la catégorie des biocarburants dit « avancés » à plus forte réduction de gaz à effet de serre et à plus forte valeur ajoutée.

Au travers de ces colzas à plus haute valeur en protéines, il s’agit, en effet, de soutenir :

  • la transition alimentaire : utilisation de matières premières de meilleure qualité et réduction des besoins extérieurs ;
  • la transition agricole : accompagner l’usage de nouvelles variétés et pratiques culturales en rémunérant les efforts fournis par les agriculteurs ;
  • la transition énergétique : accompagner le développement de biocarburants à forte réduction de GES dans de nouveaux modes de transports.

L’amélioration de la teneur en protéines des colzas doit permettre d'aller chercher de nouveaux leviers de valorisation de la culture. Une démarche qui s’imbrique totalement avec celle favorisant la conduite de colza à faibles niveaux d’émission de GES, avec des bonus à la clé pour les agriculteurs.

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