Les cinq étapes du stockage d'oléagineux

Moins courant que celui des céréales, le stockage du colza et du tournesol à la ferme n'est, pour autant, pas forcément synonyme d'investissements. En effet, les équipements disponibles pour le stockage des grains de blé ou d’orge peuvent tout à fait accueillir les oléagineux. Sur le papier, c'est un bénéfice net. Dans les faits, la pratique nécessite un certain savoir-faire même si les progrès variétaux ont déjà bien facilité la tâche.

Stockage champ de colza

Aujourd’hui, la sensibilité à la déhiscence des siliques a intégré les programmes de sélection variétale et les variétés sont de plus en plus résistantes à l’égrenage. À cette préoccupation, autrefois majeure, doit se substituer la teneur en eau des graines, afin de préparer favorablement l’étape du stockage et de la conservation des grains. Quand approche le moment de récolter, n’intervenez que quand la plante entière est à maturité : la teneur en eau des graines avoisine alors les 9 %, la maturité des siliques est suffisante et homogène et les pailles sont sèches. 

Pour conserver la qualité des graines jusqu'à leur commercialisation, c'est la conscience des risques au cours du stockage, qui pousse à prendre en amont les mesures adaptées et à mettre au point la bonne stratégie.

Intégrer la notion de risques 

Étape 1 : connaître les risques 

Risque majeur : le refus de marchandise  

Un taux d'impuretés supérieur à 5 % ou un taux d'humidité trop élevé peuvent motiver un refus de la marchandise, au préjudice total de l'agriculteur. Pour le stockage des oléagineux, la logique est simple : plus la teneur en huile est élevée, plus le taux d'humidité doit être faible. Dans le cas du colza et du tournesol, pour être "loyal et marchand", le lot doit se situer à 8 % d'humidité en moyenne (8-9 % pour le colza et 7-8 % pour le tournesol). Pour information, la norme de commercialisation du blé est généralement fixée à 15 % d’humidité. 

Risque mineur : la dévaluation du prix 

Sans aller jusqu'au refus, des motifs variés légitiment, aux yeux de l'acheteur, une révision à la baisse du prix d'achat des graines d'oléagineux : 

  • Un taux d'impuretés mal maîtrisé, situé entre 2 et 5 %, qui augmente le risque d'échauffement ; 
  • Un taux d'humidité qui dépasse 8-9 % ; 
  • Une teneur en huile médiocre (inférieure à 44 %).

L'humidité est l'ennemi numéro UN du stockeur. Les quatre étapes qui suivent visent principalement à en maîtriser les effets néfastes. 

Maîtriser le taux d’humidité 

Étape 2 : le nettoyage 

Le souci du stockage doit être présent au moment de la récolte, avec un batteur réglé pour laisser passer le moins d'impuretés possibles. Car plus les lots de graines sont sains, plus les chances de succès du stockage sont élevées. Les impuretés sont, en effet, autant de corps humides favorisant les phénomènes d'échauffement et les grains abîmés attirent les insectes. Après la moisson, un passage au nettoyeur-séparateur permet de stabiliser le taux d'impuretés en deçà des 2 % requis. Il permet aussi de se débarrasser des grains abîmés et cassés et des insectes. 

Étape 3 : la ventilation 

L'objectif de la ventilation est d'amener progressivement le stock à bonne température, toujours pour éviter l'échauffement, mais aussi pour dissuader les insectes (acariens, cryptolestes, triboliums, silvains…) d'y proliférer. Il faut généralement trois paliers pour amener le stock à 20, puis 12 puis entre 10 et 5°C. Pour une ventilation efficace, l'écart de température entre le tas de grains et l'air pulsé doit être de 7 à 10°C à chaque étape. 

Étape 4 : le séchage 

Entre le risque de casse du grain (trop sec) et le risque d'échauffement et d'altération de l'huile (trop humide), l'opération de séchage demande de la précision. Au-dessus de 10 % d'humidité, elle est indispensable pour les oléagineux. Elle ralentit le métabolisme de la graine et évite l'acidification de l'huile.  

Étape 5 : le temps de stockage 

Le grain peut être stocké en big-bag, silo ou en vrac à plat. Pour des stockages longue durée, la meilleure option est la cellule à partir du moment où celle-ci est équipée de ventilateurs. Il peut alors se prolonger sur une durée de près de six mois, moyennant une bonne maîtrise de la température et de l'humidité. Les stockages à plat sans ventilation et big-bag demandent plus de surveillance (température, humidité, rongeurs). Dans tous les cas, l'analyse régulière d'échantillons permet de suivre la teneur en huile et son niveau d'acidité. 

 

Stockage et altération de l'huile

De mauvaises conditions de stockage peut altérer l'huile à l'intérieur de la graine oléagineuse en qualité comme en quantité. Un désordre invisible qui affectera la rentabilité du stock. Acidification et teneur en huile sont donc à surveiller ! L'acidité est généralement tolérée jusqu'à 2 %. Le stock se dévalue entre 2 et 5 %. Le lot peut être refusé à partir de 5 % d’acidité, l’huile pouvant alors devenir impropre à la consommation. Ces limites sont les mêmes que pour le taux d'impuretés. En toute logique, puisque la présence d'impuretés est, avec le mauvais séchage, le premier facteur d'acidification par échauffement. L'humidité résiduelle ne pardonne pas ! Elle favorise le développement des microorganismes et ne ralentit pas suffisamment le métabolisme de la graine. A l'acidification peut ainsi s'ajouter une perte de teneur en huile, alors que les normes commerciales pour le colza et le tournesol sont respectivement de 40 et 44 %. Les prélèvements réguliers pour contrôle sont fortement encouragés.

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