Le stockage du carbone, le premier levier des agriculteurs

Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et contrer l’accélération du changement climatique, le dernier rapport du Giec propose un certain nombre de solutions. L’objectif est de limiter la hausse des températures à 1,5°C. L’enjeu est de taille quand on sait que la température à la surface du globe a augmenté de 1,09°C rien qu’en 2021.

Bruno Ledru, en polyculture-élevage laitier, témoigne : « En tant que paysans, nous sommes les premières victimes du réchauffement climatique, étant confrontés à des phénomènes de plus en plus extrêmes dans toutes les régions. Dans mon secteur, plus d'orages, des pénuries ou excès d'eau, temps plus chaud… résultat, mes calendriers de culture ont nettement évolué. »

Christophe Beaunoir, directeur de Saipol, s’appuie sur le rapport du GIEC qui a « identifié 43 leviers pour répondre à court terme à la problématique du changement climatique ». Pour la catégorie de la décarbonation des transports, l'utilisation des biocarburants représente le levier le plus puissant à horizon 2030 mais il demande des investissements importants.

Des bonnes pratiques pour stocker plus de carbone dans le sol

Le directeur général de Saipol précise que, « dans le secteur agricole, des forêt et de l’utilisation des terres, le principal levier est l’arrêt de la déforestation. Les solutions consistent notamment à la production de protéines végétales issues de cultures non déforestantes, là où elle est possible, et le progrès génétique pour augmenter les teneurs en protéines des espèces comme le colza. Le second levier, c'est la séquestration du carbone dans les sols agricoles. C’est lui que Saipol favorise au travers de la démarche OleoZE, qui rémunère des colzas conduits en faveur de ce stockage et aide aussi les agriculteurs à financer leur transition agroécologique. »

Trois bonnes pratiques ont été identifiées comme étant favorables au stockage du carbone dans les sols cultivés : l’apport de matières organiques, la couverture des sols pendant l’interculture et la réduction du travail du sol. A combiner au maximum !

Pour Bruno Ledru, qui cultive une quinzaine d’hectares de colza, l’adhésion à la démarche s’est faite facilement via son organisme collecteur : « C’est mon technicien du négoce Dumesnil qui m'a parlé d’OleoZE car il trouvait que mes colzas étaient conduits selon ces bonnes pratiques. J'ai recours au non-labour, parce que j'ai des terres limoneuses et parfois du ruissellement. Le sol est devenu plus vivant. Je valorise le fumier ou le lisier, selon les années, issu de mon élevage. Pour ce qui est de l’interculture, c'est obligatoire, donc pas de question à se poser. »

Réduire les émissions de la culture et l’empreinte carbone des intrants

Sur le volet des engrais azotés, Saipol et Yara® France ont annoncé le 5 avril 2022 avoir signé un contrat de collaboration triennal afin de soutenir les producteurs de colza s’engageant dans des modes de production plus durables. Il s’agit « d’encourager l’utilisation des engrais azotés les plus vertueux depuis l’usine jusqu’au champ. C’est par exemple le cas de l’ammonitrate, qui est la forme la moins émettrice de GES par unité d’azote épandue et la plus performante sur le plan agronomique. » Le rendement étant une composante importante du calcul de l’empreinte carbone du colza, l’utilisation d’ammonitrate conduit en effet à une réduction de 15 % de l’empreinte carbone de la tonne de colza par rapport à une fertilisation à base de solution azotée. Cette performance est prise en compte par Saipol dans le mode de calcul du bonus GES sur OleoZE.

Bruno Ledru conclut : « L'amélioration de nos pratiques est incontournable, sans oublier d’en assurer la traçabilité et d’optimiser la qualité des productions. Il est intéressant d’adhérer à des démarches telles qu’OleoZE, pour le côté financier, bien sûr, avec des économies d’intrants et un bonus à la clé, mais aussi au niveau technique. Cela oblige à s’informer en permanence pour faire évoluer son système. »

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