Le colza, performant et rentable, surtout en rotations longues

Les conditions climatiques mettent souvent les nerfs des colzaïculteurs à rude épreuve. Mais les atouts agronomiques du colza, additionnés au niveau actuel des cours et aux opportunités de rémunération supplémentaires, confirment sa place de choix dans les assolements.

Rotation colza

Le colza offre de nombreux avantages induits et une marge intéressante, en particulier à l'échelle d'une rotation longue et variée. Comme précédent aux céréales à paille, compatible avec une rotation incluant maïs, betteraves ou encore pois protéagineux, il conjugue aujourd'hui performance agronomique et économique.

Performance agronomique pour plus de résilience

Les atouts naturels du colza sont reconnus. Son pivot et ses racines favorisent la structure et la vie du sol, de même qu'ils limitent l'érosion, à l’automne et en hiver, très dommageable pour les autres cultures. Le colza mobilise à cette même période un azote précieux qu'il restituera en partie. Ses résidus de culture disposent d’un potentiel de restitution du carbone intéressant pour la stabilité de la structure du sol, le stockage de l'eau et des éléments minéraux. En phase de décomposition, ils produisent aussi des composés toxiques qui régulent plusieurs pathogènes à l'origine de maladies du pied et de la fusariose. Bon précédent, le colza joue sur la stabilité des rendements, la qualité agronomique des parcelles. Il favorise aussi la résilience du milieu face aux aléas climatiques et la biodiversité. Il a de fait peu d'équivalents !

Performance économique pour plus de marge

Avec un prix de vente actuellement établi autour de 500 €/t, le contexte de marché est plus que favorable au colza. Pour un rendement moyen de 3,5 t/ha, des charges de culture estimées entre 370 à 470 €/ha et des charges de mécanisation qui avoisinent 320 €/ha, la marge du colza s’établit à environ 900 euros/ha (en prenant le cours du colza au 05/07/21 et selon les données technico-économiques 2020 des Chambres d'agriculture de l'Aisne et de l'Oise, avec AS 60 AGC et AS Aisne Comptagri). Elle peut être plus favorable encore en cas de bonus qualité pour la teneur en huile (+ 7 à 10%) et/ou de bonus bas GES (+ 25 €/t en moyenne en 2020).

Certes, elle peut aussi être moindre sur des parcelles plus compliquées, qui occasionnent des charges de mécanisation supérieures (jusqu'à 465 €/ha). Mais au niveau de prix actuel, la rentabilité du colza n'a rien à envier aux autres cultures de la rotation. Elle se hisse même potentiellement à la hauteur de celle du blé (750 à 900 €/ha) et de la betterave. Elle dépasse celle de l'orge, du maïs et du pois. Le potentiel agroéconomique du colza consolide son statut de tête de rotation, dans tous les sens du terme, synonyme de plus-value agronomique et de revenus additionnels. Mais, rappelons-le, le bon calcul est celui qui englobe toutes les cultures de la rotation.

Miser sur une rotation longue et sur la variété

Car, évidemment, ces performances ne sont pas automatiques. Elles sont notamment liées à une stratégie qui privilégie rotation longue et diversité de la succession culturale, celle qui assure les meilleurs résultats technico-économiques. Car c'est bien l’espacement du retour de la culture sur une même parcelle qui fait baisser la pression des ravageurs et des maladies, avec des effets positifs directs sur le coût de production. On peut citer, à titre d'exemple, trois séquences classiques de cinq cultures sur six ans, pour illustrer cette pratique :

  • Colza/ blé/ betterave/ orge de printemps/ pois protéagineux/ blé.
  • Colza/ blé/ orge d'hiver/ maïs/ blé/ orge de printemps.
  • Colza/ blé/ orge de printemps/ maïs/ pois protéagineux/ blé.

C'est dans les deux premiers cas que les bénéfices de la succession culturale sont les plus clairs, avec des effets sur les adventices, mais aussi sur les ravageurs et maladies, au profit du colza lui-même, mais aussi, par répercussion, du blé et des orges. Le troisième choix n’influe positivement que sur le salissement. En termes de protection contre les ravageurs et les maladies, l’économie réalisée est estimée à 60 €/ha de part et d’autre.

Rotation colza
Représentation de la rotation de la 2ème séquence - ©Saipol - août 2021

Une marge amputée de 40 à 50% en rotation courte

Les effets directs et indirects du colza ont ainsi des conséquences sur les charges au niveau de la rotation qui ne sont pas négligeables. Un retour trop fréquent de la plante sur une parcelle entraîne par ailleurs, en moyenne, une baisse des rendements de la rotation de l'ordre de 10%. La marge brute du colza, au sein d’une rotation courte (blé-colza ou blé-orge-colza), sera ainsi globalement inférieure de 40 à 50% à celle de la culture au sein d’une rotation longue. Tous les avantages du colza ne s’apprécieront donc réellement que dans le cas d’une rotation longue.

Autres actualités

  • « Notre position c’est : même si c’est autorisé, ne le faites pas ! » Emélie Halle, Responsable durabilité et sourcing bas-carbone chez Saipol.

    Saipol opposé au double-comptage des crédits carbone sur OleoZE : Trois questions à Emélie Halle

  • Tracteur vert en train de labourer un champ.

    Halte aux idées reçues, labourer n’empêche pas d’accéder au bonus GES!

  • Champ de colza jaune.

    Stockage du carbone dans les sols : quelles sont les cultures à fort potentiel ?